ALLEMAGNE – UNIVERSITE DE GOTTINGEN – Michael HINDLEY

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ALLEMAGNE – UNIVERSITE DE GOTTINGEN – Michael HINDLEY

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L’Université de Gottingen a organisé une conférence suivie de discussions et de débats sur l’intégration européenne et sur le rôle des institutions dans l’UE et leur pouvoir.

Michael HINDLEY, membre de l’AAD, a participé à cet événement.

Rapport de mission: VISITE A L’UNIVERSITE GOETTTINGEN

Lorsque le centre Euroculture de l’université de Göttingen m’a convié à participer à des séminaires sur la situation après le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, j’ai dû trouver un titre à ma présentation. J’ai proposé «L’Union européenne peut-elle survivre au Brexit ?» – non pas pour faire un trait d’humour typiquement anglais, mais bien pour souligner que le Brexit était une question cruciale pour l’Union européenne, et pas seulement pour le Royaume-Uni. Que la plus grande démocratie pérenne en Europe décide de sortir de l’Union, voilà qui devrait inciter celle-ci à un examen critique approfondi. La dure vérité est que 52% des participants au référendum ont estimé que l’Union européenne ne pouvait pas être réformée et que l’avenir du pays se trouvait en dehors de l’Union.

Très peu d’opposants au Brexit – voire aucun – n’ont fait campagne pour l’Union telle qu’elle est. Nous avons au contraire été nombreux à appeler à rester dans l’Union et à la réformer. C’est l’échec de l’Union à se réformer qui a considérablement contribué à la crise. La tristesse et l’incompréhension dominaient chez les étudiants en master assistant aux trois séminaires auxquels j’ai participé. Aucun d’entre eux n’exprimait l’exaspération et la hargne portées par certaines personnalités publiques du continent. Au matin du deuxième jour des séminaires est tombée la nouvelle de la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines, entraînant les mêmes réactions de tristesse et d’incompréhension que l’annonce des résultats du référendum. L’autosatisfaction des élites au pouvoir les a rendues aveugles à la vague croissante de ressentiment des laissés pour compte, plus enclins à écouter les sirènes du nationalisme que les appels à la solidarité internationale.

Les élites politiques qui pensaient avec présomption agir dans l’intérêt du peuple au nom de ‘l’Europe’ sont visiblement en train de perdre pied. L’Europe pour laquelle l’Union européenne a été conçue n’existe plus. L’Europe de l’ouest continentale est sortie du cataclysme de la Seconde Guerre mondiale avec pour héritage cette conception simpliste: les nations sont néfastes, l’Europe bénéfique. Cette perception des sentiments nationaux comme étant fondamentalement antiinternationaux et même dangereux n’a que trop duré. Elle a sens nul doute permis à l’extrême-droite de se présenter en tant que représentante du «peuple». L’heure est grave, notamment pour l’Allemagne. C’est grâce à l’Europe et à l’Union européenne que l’Allemagne a pu se redresser, délaissant l’intérêt ouvertement national au profit de l’intérêt général. Avec le Brexit, il semble clair que la France va chercher à entretenir avec l’Allemagne des relations encore plus étroites. L’élan initial pour la coopération en Europe de l’ouest, qui a mené au traité de Rome, est venu en grande partie de l’élite politique française, qui a décidé de poursuivre les intérêts de son pays en passant par l’Europe. Une décision très courageuse à l’époque, mais qui n’est plus une idée partagée par de nombreux électeurs français.

De plus, un axe franco-allemand plus fort alimentera le ressentiment des pays de l’Est, notamment ceux du groupe de Visegrád, qui se sentent déjà mis à l’écart. ‘L’Europe’ est dans une large mesure perçue comme le problème des États-nations et non comme la solution aux problèmes nationaux, une réalité qui échappe aux partisans d’une Europe plus forte, à Bruxelles. Les jeunes étudiants de Göttingen ont l’intelligence, l’acuité et l’énergie nécessaires pour faire face, mais ils sont plus réalistes et plus sincèrement tournés vers l’international, au-delà des clichés de ‘l’Europe d’abord’ – du moins celle du Berlaymont.

Détails

Début :
novembre 8, 2016
Fin :
novembre 11, 2016
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