L’Université de Tallinn a organisé une conférence et des discussions entre un ancien député européen et des étudiants sur un sujet d’actualité : Le Brexit et l’Union européenne.
Gary TITLEY Membre de l’AAD, a participé à cet événement.
Rapport de mission: VISITE EN ESTONIE
J’ai donné une conférence à l’université de technologie de Tallinn les 7 et 8 décembre 2016 au nom de l’association des anciens députés au Parlement européen. C’était une occasion rêvée de renouer des liens avec l’Estonie. J’y étais venu pour la première fois en tant que membre d’une délégation spéciale du Parlement européen dans les États baltes en 1991, immédiatement après l’indépendance. C’était une période étrange. Des barricades entouraient encore les parlements, les troupes russes erraient encore dans les rues essayant de vendre des parties de leurs équipements et le rouble était toujours la monnaie en cours. Les infrastructures étaient basiques, en particulier celles des télécommunications. La Suède et la Finlande ont apporté une aide déterminante, dans le cadre de leur aide initiale, en fournissant des téléphones portables principalement en Lettonie et Estonie, ce qui a grandement facilité leur transition.
L’Estonie a adopté les nouvelles technologies avec enthousiasme.Elle possède le haut débit le plus rapide du monde et l’accès au wifi gratuit est largement disponible. Le gouvernement et le parlement sont numériques par défaut. Contrairement à ma première venue en 1991, j’ai eu le sentiment de me trouver dans un pays très moderne et dynamique. Les transports en communs de Tallinn sont gratuits pour tous les habitants et comportent de nouveaux tramways acqui auprès de l’Espagne par un accord qui a permis aux Espagnols de compenser certaines de leurs émissions de carbone. Les écoles maternelles aux frais de scolarité très bas sont largement répandues et le système de santé est efficace. Lesaides du gouvernement semblent être destinées aux jeunes familles pour garantir un taux de natalité équilibré. En revanche, les retraités ont des revenus bas. Certains problèmes subsistent avec les minorités russes, en particulier avec la population âgée qui n’a pas été capable ou n’a pas voulu s’intégrerou à qui les compétences exigées par l’économie moderne font défaut.
Mon but premier était de donner une conférence sur le Brexit le 7 décembre. Le jour suivant, j’ai animé deux séminaires, un sur l’Union en général et l’autre sur la politique de sécurité. Je pensais que je m’adresserais principalement à des étudiants estoniens mais j’avais tort. Le public était multinational, même si les Finlandais étaient majoritaires. Apparemment, il est beaucoup moins cher d’étudier dans une université estonienne que dans beaucoup d’autres endroits. Les cours sont dispensés en anglais et attirent donc des étudiants du monde entier. Ma conférence sur le Brexit avait lieu à 8 h 15 du matin! Malgré cela, plus de 100 personnes y ont assisté. Le Brexit n’était pas un sujet facile pour moi étant donné qu’il représente le vol en éclats des rêves et espoirs que j’ai nourris au cours de mon existence. J’ai insisté sur les sondages d’opinions portant sur les valeurs, qui ont démontré que plus les gens partageaient ce que nous pourrions appeler des valeurs «traditionnelles», telles que l’adhésion à l’application d’une discipline stricte dans les écoles, l’antimulticulturalisme, l’antiféminisme ou l’opposition aux droits des homosexuels, plus ils étaient susceptibles de voter en faveur du Brexit. Ce phénomène a également été observé lors de l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Cette réaction hostile au monde moderne représente probablement le plus grand défi auquel nous sommes tous confrontés.
J’ai exposé plusieurs scénarios possibles concernant l’avenir du Royaume-Uni. Ils sont tous compliqués et aucun, à mon sens, ne permettra au Royaume-Uni d’être en meilleur posture. Je ne suis pas encore convaincu que le gouvernement britannique sache vraiment ce qu’il fait ou ce qu’il veut. À d’autres endroits, j’ai été frappé de constater l’importance que les étudiants accordaient à l’équilibre entre la garantie de la légitimité et de la responsabilité démocratiques dans l’Union d’une part, et le besoin d’une action efficace de l’Union pour relever les défis auxquels elle est confrontée, d’autre part. Atteindre ce juste équilibre sera déterminant pour l’avenir de l’Union.