L’Université a organisé une table ronde et une conférence intitulée “Modèles et politiques pour le climat et l’énergie en Europe”. La conférence s’adressait à des experts scientifiques internationaux.
Paulo CASACA, membre de l’AAD, a participé à cet événement.
Rapport de mission: MODÉLISER LE DÉVELOPPEMENT
Quelques idées
À la suite du sommet de Rio et d’autres initiatives internationales ultérieures nous sommes actuellement engagés dans la réalisation des objectifs de développement durable pour 2030 (ODD) comprenant 17 objectifs, 169 cibles et 232 indicateurs (comme en 2017, mais avec une augmentation constante).
Cela nous semble une base plus cohérente pour la modélisation du développement qu’une préoccupation limitée au seul «changement climatique», dont le champ est bien souvent restreint aux émissions atmosphériques, à l’énergie et aux paramètres financiers. Nous avons donc proposé une série de changements qui, d’après nous, pourraient nettement améliorer l’efficacité de cet exercice. Le premier changement consiste à enfin intégrer la valeur positive de la préservation des environnements naturels et construits (et donc la valeur négative de leur destruction induite par les dépenses de développement). Pour ce faire, il s’avère donc incontournable de passer d’une vision «durable» du développement à une vision «intégrée». Les paramètres financiers peuvent servir à évaluer les réalisations matérielles (telles que les infrastructures) qui ne sont pas directement prises en compte par le marché.
Le deuxième changement consisterait à «déjargoniser» le processus de modélisation. Le déclin du langage utilisé dans les institutions internationales s’est aggravé et reflète l’éloignement progressif des acteurs concernés par rapport à la réalité, se manifestant, entre autres, par des constructions pléonastiques, incohérentes et métaphysiques. La promotion d’une série de messages publicitaires simples destinés au grand public ne va pas dans le sens de l’objectif principal qui vise à adapter le modèle à la réalité. Il est essentiel de disposer d’un cadre pour l’analyse et l’évaluation des ODD établis, qui soit contrôlé par des intervenants opérant en toute indépendance par rapport à ceux directement liés aux principales institutions internationales à l’origine du plan.
Le troisième changement repose sur l’intégration de valeurs humaines fondamentales, telles que la liberté et la capacité d’influencer la politique publique, qui sont tout aussi précieuses que le progrès matériel en soi. Cet effort risque de se heurter à la vision de la majorité des États représentés aux Nations unies, parmi lesquels la liberté et la démocratie ont moins la cote. Sur ce point, les nations démocratiques devront peut-être œuvrer seules.
Les professionnels de la modélisation doivent éviter que leurs efforts n’accouchent d’un mécanisme de façade visant à occulter des faits essentiels. La modélisation doit faire preuve d’une clarté et d’une transparence absolues concernant ses hypothèses, son fonctionnement et ses incertitudes. Les acteurs du développement doivent éviter de devenir les esclaves de stratégies de communication reposant sur des «décharges» émotionnelles brusques qui déforment si souvent et très fortement la réalité et qui n’ont aucun effet positif sur le long terme. Alors que la mobilisation de la société civile sous toutes ses formes est essentielle pour obtenir des résultats, l’utilisation à bon escient des fonds publics pour atteindre les objectifs fixés demeure la première des priorités. Tout d’abord, il faut promouvoir la recherche fondamentale et appliquée ainsi que le développement, la dissémination et l’application de nouvelles solutions, au lieu d’utiliser les ressources de manière inefficace dans des restructurations bureaucratiques difficiles à définir et à évaluer.