Compte tenu de ma longue et heureuse relation avec l’Inde, j’étais tout à fait ravi d’être invité à m’exprimer au nom de l’AAD à l’Université de Mangalore, dans le sud du pays. Mangalore, située sur la côte de l’État du Karnataka, ne figure certainement pas sur l’itinéraire touristique. Par la beauté de ses temples, de ses mosquées et des collines attenantes, elle y mériterait pourtant une place.
Au-delà des attractions touristiques, Mangalore compte, de manière peut-être inattendue, parmi les 50 villes les plus «vivables» du monde sur le plan de la qualité de vie, faisant d’elle la ville indienne la mieux notée. Encore plus impressionnant, elle occupe la 12e place mondiale en matière de soins médicaux. Le campus universitaire se trouve dans une banlieue verdoyante, et l’université possède également un centre social à Chikka Aluvara. J’ai pu donner des conférences en ces deux endroits, et j’ai été accueilli avec la courtoisie et la curiosité intellectuelle typiques aux Indiens. L’université dispose aussi d’une antenne au centre-ville, qui propose des cours du soir de niveau master pour les professionnels désireux d’améliorer leurs qualifications, et où j’ai également donné une conférence. J’ai ainsi honoré l’un de mes propres engagements en matière d’éducation, à savoir l’ «apprentissage tout au long de la vie».
J’ai en outre été invité à donner une conférence à l’université de Manipal, l’un des centres d’éducation les plus modernes que j’aie jamais vu dans le monde. L’une des caractéristiques les plus séduisantes de la vie intellectuelle en Inde est la politesse des échanges. On ressent rarement un sentiment de supériorité chez l’auteur d’une question. Il y a un véritable plaisir du dialogue, sans aucune inhibition en cas de désaccord. J’ai également pris la parole à la Chambre de commerce locale, où, étant donné les nombreux liens commerciaux existant entre l’Inde et le Royaume-Uni, de grandes inquiétudes ont été exprimées à l’égard des effets du Brexit.
Les relations entre l’Inde et l’Union européenne (UE) constituaient elles aussi un sujet de préoccupation. En tant que conseiller auprès du Comité économique et social européen, j’ai travaillé sur un rapport concernant les idées de la Commission au sujet de la «connectivité UE/Asie» qui, à vrai dire, ne tiennent guère compte de la véritable complexité de l’«Asie». L’Inde est un partenaire difficile pour l’UE, notamment en raison de sa taille, qui lui confère un certain contrepoids au pouvoir de négociation de l’UE. Le concept d’«Europe» reste essentiellement géographique, et non politique. Certes, le public connaît les principaux États membres de l’UE, mais l’étendue de l’intégration de l’Europe moderne au sein de l’UE reste assez vague.
Mon hôte, le professeur Amin, était une véritable mine d’info sur l’Inde, et a arrangé de magnifiques excursions dans les temples, les mosquées et les stations de montagne environnantes de la région de Coorg, célèbre pour ses épices et ses vins et cafés aromatisés avec exotisme. Le caractère polyglotte et multiculturel de l’Inde est stupéfiant, tout comme la facilité avec laquelle ses habitants manient l’anglais en tant que lingua franca, en plus de leur langue maternelle et d’une langue locale. À ceux qui célèbrent, à juste titre, la diversité de l’Europe, je conseille d’aller en Inde, afin de la replacer dans une perspective mondiale.