L’Université de Maastricht a invité un ancien député européen à participer à un événement sur le thème “Données sans valeur” : Leçons juridiques, éthiques, économiques et technologiques pour une économie des données robuste”. Ce symposium centré sur les valeurs vise à rassembler des experts des sciences des données, de l’éthique, de l’économie et du droit afin de créer un livre blanc établissant les principes de base pour l’utilisation des données dans l’économie des données.
Membre de l’AAD, Edit HERCZOG, a participé à cet événement.
Dans la présentation du programme, on pouvait lire: «Alors que la dépendance de l’humanité aux données ne cesse de croître, il faut s’assurer que les données sur lesquelles elle se fonde prennent en compte les valeurs inhérentes à une société juste, éthique et économiquement solide.
Les données sont en soi dépourvues de toute valeur; c’est la manière dont elles sont sélectionnées et utilisées qui peut dicter comment l’apprentissage automatique et d’autres systèmes alimentés par des données fonctionnent sous l’angle économique ou éthique. Se pose alors la question suivante: comment peut-on garantir que les systèmes et dispositifs qui utilisent des données dans l’économie fondée sur des données disposent de données fiables sur le plan économique et éthique?» La conférence a commencé par professeur Guadamuz qui a démonstraté les difficultés du futur règlement de la propriété intellectuelle. Le groupe d’experts sur les questions de d’éthique s’est penché sur les conséquences futures sur les droits de l’homme d’une économie fondée sur des données.
Professeur Anselm Kamperman explique l’intersection de la propriété intellectuelle et des données dans la situation économique et sociale dans le monde, les risques et avantages. La valeur économique des données offre du potentielle à tous les secteurs. Il est souhaitable de tirer parti de ce potentiel, à condition de réguler les secteurs dont l’activité repose sur une utilisation intensive de données, afin de réduire les incertitudes y afférentes.
J’ai eu le plaisir de participer au dernier groupe d’experts avec Guadamuz et la professeur Ana Ramalho pour débattre de questions sous différents angles. Nous sommes tous d’accord que les données sont un secteur dans lequel il faut légiférer pour exploiter les retombées positives. La législation ne permettra pas, à elle seule, d’apporter une réponse à tous les problèmes. En effet, on retrouvera le caractère subjectif inhérent à toute activité humaine dans les ensembles de données et les analyses de données réalisés par l’homme. Or, ce problème se pose de manière récurrente, sans compter que les technologies de l’intelligence artificielle amplifient ce phénomène, et si l’on tarde à rectifier le tir, il faut s’attendre conséquences pour la technologie. Aussi est-il impératif que des spécialistes s’efforcent de remédier à certains problèmes. La discussion a également porté sur la compétition qui sévit à l’échelle mondiale. En tant qu’acteur du processus législatif, j’ai souligné que si l’Union européenne était à la traîne par rapport à la Chine et aux États-Unis quant aux dépenses consacrées à la recherche et au développement, elle est un solide «exportateur de législation».
L’Union a été en première ligne à se préoccuper des questions juridiques et n’a pas hésité à imposer des normes élevées aux entreprises. À titre d’exemple, le règlement général de l’Union est devenu un modèle pour les autres pays et régions du monde, ce dont se félicitent d’ailleurs également les entreprises. Bert Brookfield-Hird a indiqué que «les possibilités d’utilisation de données ne cessent de croître et sont semble t-il infinies. La plus grande prudence est toutefois de mise pour éviter que les conséquences que nous nous devons de prendre à bras-le-corps ne contrebalancent les avantages potentiellement considérables liés à l’utilisation de ces données. Les événements interdisciplinaires, tels que le symposium «value-less data» sont essentiels pour agir dans ce sens et nous permettre de cerner les enjeux avant de légiférer».