La ville d’Izmir ne cesse pas d’impressionner. Située dans l’ouest de la Turquie, sur les rives de la mer Égée, elle tient son nom d’une reine des Amazones appelée Smyrne.
C’est aujourd’hui la troisième plus grande ville de Turquie, derrière Istanbul et Ankara. Ville jeune et dynamique (près de la moitié de ses 4 millions d’habitants ont moins de 30 ans), Izmir est dotée de transports publics performants, dont un métro qui compte déjà dixhuit stations et bientôt davantage. Izmir a successivement accueilli différentes cultures et religions au cours de son histoire, des Perses aux anciens Grecs et des Romains aux Ottomans. Aujourd’hui, elle abrite également l’université d’économie d’Izmir (Izmir Ekonomi Üniversitesi), où je me suis rendu en mai au nom des anciens députés au Parlement européen.
Le professeur Alexander Bürgin m’avait invité à m’exprimer devant ses étudiants pour aborder des sujets allant de la politique étrangère de l’Union européenne en ce qui concerne la Turquie à l’avenir de l’Europe après le Brexit. L’université d’Izmir compte quelques 8000 étudiants et une partie de ses locaux sont situés dans un ancien hôtel de luxe! Beaucoup de cours sont dispensés en anglais et presque tous les étudiants que j’ai rencontrés parlaient couramment cette langue. L’université a des accords Erasmus Plus avec quelque 168 universités réparties dans 26 pays, en plus du protocole de coopération académique existant avec 41 universités.
La présentation que j’ai faite aux doctorants du professeur Bürgin concernait la gouvernance et les procédures de l’Union européenne. Nous avons également évoqué la préparation des élections de 2019 et la manière dont l’Union européenne pourrait se rapprocher de ses citoyens. Il a toutefois été souligné que, selon de nombreuses études, les politiques de l’Union européenne sont bien plus proches des aspirations des citoyens que ne le sont celles de beaucoup de gouvernements nationaux.
La décision controversée du Conseil électoral suprême d’organiser de nouvelles élections municipales à Istanbul, du fait de potentielles irrégularités, a été prise pendant mon séjour en Turquie. En dépit de cela, j’ai fait part de mon optimisme quant aux relations futures entre la Turquie et l’Union européenne lors de ma discussion avec les étudiants en Master. Les villes turques comme Istanbul ou Izmir, et la Turquie dans son ensemble, semblent économiquement aussi avancées et aussi européennes que beaucoup d’autres villes de l’Union européenne. Certes, certains problèmes sérieux subsistent, mais il serait déraisonnable de notre part de fermer la porte à la candidature de la Turquie à l’adhésion en cette période particulièrement délicate. Lorsque j’ai échangé avec les étudiants de la filière «études européennes», le débat a inévitablement tourné autour de la question du Brexit. La décision naïve de l’ancien premier ministre David Cameron d’organiser un référendum dans l’espoir d’unifier le parti conservateur, son parti, s’est retournée contre lui de manière spectaculaire. Les conservateurs britanniques sont plus divisés que jamais, le parti travailliste (mon propre parti) est pour le moins déboussolé et le pays dans son ensemble est déchiré.
Il est impossible de dire, à l’heure actuelle, comment le Royaume-Uni réussira à aller de l’avant dans ses relations avec l’Union européenne. Si les décisions étaient entre les mains des jeunes gens bien informés de l’université d’Izmir, alors peut-être ferions-nous des progrès et arriverions-nous, qui sait, à des accords plus raisonnables! Ma visite à Izmir s’est achevée bien trop vite et c’est l’esprit chargé d’images et de souvenirs positifs que j’en suis reparti.
Par Robert Evans