À l’approche des élections présidentielles en Ukraine, j’ai été invité à participer à la conférence Annuelle de l’Association ukrainienne des professeurs et chercheurs sur l’intégration européenne et de l’Association ukrainienne de droit international. ’événement, qui s’est déroulé le 19 et le 20 mars à Lviv, a rassemblé des participants venus de tout le pays, y compris des personnes déplacées de Crimée et du Donbass. L’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, signé en 2014, était au centre de toutes les attentions.La plupart des participants quant à eux se sont contentés d’exprimer leur mécontentement face à un accord qu’ils estiment déséquilibré. Il est ressorti des échanges que le gouvernement de Kiev ne tire pas le meilleurparti des possibilités qu’offre l’accord d’association. La politique en Ukraine demeure marquée par la corruption alimentée par les oligarques et profondément déstabilisée par l’invasion russe. De plus, la participation de la société civile est limitée, en particulier pour ce qui est de la société civile laïque. Par ailleurs, l’Union européenne est accusée d’imposer desconditions contraignantes qui freinent les ambitions de l’Ukraine en matière d’adhésion à l’Union en tant que membre à part entière.
J’ai exposé la nature et l’objectif de l’accord d’association du point de vue de l’Union européenne et pourquoi l’élargissement de l’Union était un processus complexe en général, et plus particulièrement dans le cas de l’Ukraine. J’ai soutenu que l’Union était actuellement trop fragile pour envisager une expansion territoriale vers l’Europe de l’Est et détaillé les questions qui sont aucoeur du débat sur l’avenir de l’Europe, notamment celles relatives à l’état de droit. J’ai également tenu à préciser que les déclarations du président du Conseil européen, favorables aux aspirations européennes de l’Ukraine, ne reflètent pas un consensus européen. Le Brexit a suscité un large intérêt et de nombreux intervenants ont comparé la position difficile du Royaume-Uni vis-à-vis de l’Union à la situation à laquelle l’Ukraine est confrontée. J’ai affirmé qu’il était plus difficile de quitter l’Union que d’y adhérer et soulevé plusieurs interrogations. Le futur accord d’association avec le Royaume- Uni pourrait-il donner de l’espoir aux pays candidats à l’adhésion, notamment à l’Ukraine? L’accord d’association avec l’Ukraine fournit-il un modèle utile pour les négociations avec le Royaume-Uni? Je me suis ensuite adressé à un large groupe d’étudiants issus de l’Université nationale publique Ivan Franko de Lviv et de l’université catholique privée ukrainienne. Au cours d’un échange devues long et animé, j’ai été frappé d’entendre à quel point les porte-parole européens assimilaient les valeurs et les principesde l’Union européenne à ceux de la démocratie libérale. Ces rencontres m’ont rappelé combien il est nécessaire pour les jeunes de bien connaître l’histoire de leur propre pays.
Il est pour le moins préoccupant que si peu d’étudiants aient manifesté de l’intérêt pour l’histoire de l’Ukraine présoviétique ou aient trouvé intéressant d’établir un lien entre leur passé et leur avenir. Même à Lviv/Lvov/Lemberg, cent ans après la chute de la monarchie de Habsbourg, je n’ai constaté aucun effortvisant à retracer l’histoire de cette ville remarquable. Les participants m’ont notamment semblé particulièrement indifférents à son ancienne identité juive. Enfin, je tiens à exprimer ma gratitude pour l’excellente organisation etl’accueilchaleureux de mes hôtes ukrainiens. Le programme «Parlement européen au ampus» est très apprécié.
Par Andrew Duff